1974 - Guide afar

1974 - Installation d'une habitation nomade

Habitation nomade

Nomadisation
Transport d'une habitation


Petite fille à Kousrawaad

Lac Assalé
Chargement de sel

Le penseur


Posture Afar


Femme afar

Chamelier


Récolte de 'Douma'
(palmier doumier)


Tombe d'un notable

Au puit

Troupeau afar

Jeune élégante afare


1974 - Portraits


Guide dans le Dallol


Manutention des plaques de sel


Chargement des
dromadaires pour
l'ascension de l'Erta Alé


Costume traditionnel

A propos des Afars, on lit dans le guide Olizane de Luigi Cantamesa, « Éthiopie, Berceau de l'Humanité » :

« La légendaire hostilité des populations afares doit être placée dans un contexte culturel. Elles ne sont en effet pas plus hostiles envers l'étranger qui traverse leurs terres que nous ne le serions envers un inconnu qui passerait le portail de notre maison et traverserait notre jardin sans notre autorisation.
Il faut en effet comprendre qu'un visiteur traversant le pays afar se trouvera toujours sur le territoire d'une tribu et d'une famille.
Routes et chemins ne peuvent vraiment être considérés comme publics car ils traversent obligatoirement des terres considérées par les habitants comme leur propre maison. Le fait d'être porteur d'un permis de visite émis par les autorités fédérales, voire par le gouvernement afar, n'est souvent pas suffisant.
La tradition veut que le chef d'une tribu soit personnellement responsable de tout ce qui se passe sur son territoire, y compris de la sécurité des visiteurs. Il verra donc d'un mauvais œil que l'on puisse traverser ses terres (autrement dit, sa maison) sans lui rendre hommage et lui demander son accord.

« L'hospitalité des Afars est une caractéristique essentielle de leur culture mais celui qui fera fi des règles traditionnelles régissant cette société devra s'attendre à de sérieux problèmes. 



Le Triangle Afar Extraits d'un article de Denis Gérard

    Leur vaste territoire, estimé à environ 150.000 km', forme un triangle dont la pointe sud est la ville d'Awash en Éthiopie (Rég)la pointe est, la ville de Djibouti celle du nord-est, les îles Dah Érythrée . La limite ouest suit les contreforts des Hauts plateaux éthiopiens.

    De faible altitude, le pays est généralement très aride et soumis à des températures très élevées le jour. L'élevage extensif se pratique dans les zones les plus favorables: les contreforts des hauts plateaux éthiopiens. Ils sont couverts de steppes arborées parcourues d'oueds. De grands acacias s'y dressent dans les zones les moins sèches: en forme de parasol pour l'acacia radiana, plus élancée pour l'acacia nilotica. Dans les zones arides et sur les basaltes mis à nu, de petits acacias arrivent à survivre. Il s'agit de l'acacia senegal, producteur de la gomme arabique et de l'acacia mellifera qui, à la saison des pluies, constituent une excellente alimentation pour les dromadaires.

    ....................Traversée de la rivière Sabba....................

    Sur d'immenses espaces, on dénombre une multitude d'espèces végétales dont les Afars connaissent les noms et les vertus. Baies, feuilles ou racines procurent nourriture et remèdes aux humains comme au bétail.

    L'Awash, principal pourvoyeur d'eau, draine un vaste bassin. Cette rivière prend sa source au nord-ouest d'Addis-Abeba et se perd dans dans les lacs Gamari et Abbé, situés à la frontière de Djibouti. L'Awash, encadrée d'une forêt-galarie, fertilise de vastes plaines. Les points bas de cette vallée, occupés par des marais et des lacs, sont le domaine d'une multitude d'oiseaux, de crocodiles et d'hippopotames. Des récits témoignent de la présence, il y a moins de deux siècles, d'éléphants, de girafes, de buffles et de rhinocéros. Les Afars n'étant pas chasseurs, la disparition de cette faune est vraisemblablement due à des changements climatiques.

    Vallée de l'Awash....................Chute de l'Awash....................Le Parc de l'Awash

    C'est aussi dans le pays afar que les fameux fossiles d'australopithèques ont été découverts: la célèbre Lucy, nommée Denqenesh ("Tu es sublime") en amharique, a permis d'élaborer de nouvelles théories sur l'origine de l'homme.

    Au sud, les immenses savanes de la vallée du Rift accueillent une faune composée de zèbres, de gazelles, d'antilopes. d'ânes sauvages et de leurs prédateurs, les hyènes et les lions. Vers l'est, le long de la route d'Assab, on aperçoit des plateaux couverts de blocs de basalte noir qui s'étendent à perte de vue, brisé ça et là par des affaissements, témoin des mouvements de l'écorce terrestre.

    Oryx beisa.........................................Zebre de Grevy dans la plaine de l'Awash


    Au nord, la dépression du Dallol, située à 120 m au-dessous du niveau de la mer est sans doute la régions la plus chaude du continent africain avec des températures supérieures à 50° C.
    Plus au nord, à Assa Alé (le lac Assalé) sur des centaines de métres est exploité le sel . Débité à la main à l'aide d'outil au manche en bois et lame en fer, il est acheminé par des caravanes de dromadaires vers le marché de Mekéllé. Ces briques de sel servaient encore au siècle dernier de monnaie d'échange.

    Etendue de sel au Dallol.........................................Geyser dans lma plaine de sel du Dallol


    Mieux connue sous le nom de " dépression des Danakil", cette zone est considérée comme une curiosité géologique exceptionnelle. L'écorce terrestre y est relativement mince cinq kilométres à certains endroits. Le paysage est exclusivement minéral: cratères garnis de coulées de laves, formations de soufre et de potasse immenses étendues de sel, vestiges d'une mer évaporée.

    Le Danakil: Désert et escarpement.........................................Volcan Bogu Alé

    Le volcan Erta Ale est toujours actif; son lac de lave est unique. Il inspire aux Afar des récits terrifiants où le diable emporte les personnes qui s'en approchent.

    L'Erta Alé

    Sur le territoire de la République de Djibouti, le lac Assal correspond au point le plus bas du continent africain, à 150 métres au-dessous du niveau de de la mer.

    Lac Assal.........Lac Assal vu de l'Ardoukoba

    En 1978, un brusque écartement des plaques tectoniques a donné naissance, pendant une semaine, à un nouveau volcan, baptisé Ardoukouba. Les scientifiques s'attendent à de nouvelles éruptions.

    L'Ardoukoba

    A cheval sur la frontière séparant l'Éthiopie de Djibouti, un paysage lunaire entoure le lac Abbhé. Sur ses rives, des cheminées de calcaire ocre s'élèvent à plus de 50 mètres.
    Ce sont les fumerolles des sources minérales qui ont façonné ces immenses stalagmites. Ce lac, alimenté par l'Awash, est en train de s'assécher. En effet, les eaux de l'Awash sont détournés par les éthiopiens pour l'irrigation de leur culture.
    Des fouilles ont permis de découvrir les restes d'un peuplement qui vivait sur ses rives.

    Cheminées au abord du Lac Abbhé.........................................Cheminées sur les rives du Lac Abbhé

    Bien d'autres sites extraordinaires du pays afar mériteraient d'être décrits, comme les rivages coralliens.

Haut de page

Les Afars                                           Situation géographiqueStructureHistoireLe triangle afar

  • Dénomination : Afar, Danakil et Adal

    Afar : c’est ainsi que ce peuple se nomme lui-même alors que, paradoxalement, cet ethnonyme n’apparaît pour la première fois dans l’Histoire qu’en 1967, avec la création du Territoire Français des Afars et des Issas (devenu en 1977 République de Djibouti).

    Nul ne sait aujourd’hui ce que cette appellation Afar signifie. Pour sa part, Didier Morin pense qu’il faille rapprocher cet ethnonyme de la tribu Al Afar, vivant dans l’émirat d’Oman, et dont l’ancêtre éponyme serait « une femme nommée Afra, forme que l’on retrouve dans la généalogie de Haral Mâhis, l’ancêtre des tribus régnantes afares ». L’auteur suggère même une piste régionale « cette tribu de l’Oman, à la différence des autres, est totalement enclavée, sans accès à la mer, ce qui pourrait expliquer une émigration partielle, sur une route plus au nord que celle suivie par les Mahra en direction de Bosaso, sur la côte somalie ». Quoi qu’il en soit, les flux migratoires entre la péninsule arabique et le peuplement primitif ‘Afar vivant sur cette côte de la Mer Rouge est attestée par la tribu des Hadarmo ( qui signifie originaire de Hadramout au Yémen) : en République de Djibouti, elle s’appelle Ablé.

    Danakil : c’est le nom sous lequel les tribus arabes du Yémen connaissent les Afars. Il s’agit d’une généralisation du nom de la tribu Dankali, vivant dans la région de Baylul au nord d’Assab et pratiquant de tout temps la navigation et la pêche. C’est une des plus vieilles tribus ‘Afar classée dans la catégorie des Suget.

    Adal ou Oda’Ali : Les Afars dans leur ensemble sont connus sous l'appellation Adal par les Somali et les Amhara, ce qui suggère leur contact dans le cadre du sultanat Adal, implanté sur un vaste territoire allant de Zeyla à Awsa.

    Haut de page

  • Situation géographique

    Les Afars habitent aujourd’hui dans trois pays : Djibouti, l’Erythrée et l’Ethiopie sur un territoire couvrant environ 150.000 km2.
    Pour de nombreuses raisons, autant techniques que politiques, leur nombre ne peut être déterminé avec exactitude, même si l’on s’accorde généralement à reconnaître qu’ils sont supérieurs à deux millions.
    Enfin, du fait de la politique de somalisation du temps de Siad Barré (logique dans les premiers temps de la construction d’un Etat-Nation impliquant l’homogénéisation de l’espace territorial et la détribalisation d’une société profondément divisée en clans) et du chaos de la Somalie, il a été jusqu’à présent impossible de mesurer scientifiquement le degré d’ « afarité » des populations qui, enclavées dans un environnement somali, se reconnaissent une parenté avec une ethnie Afar géographiquement sans contact avec elles.

    Par ailleurs, il convient de noter que ces groupes Afars vivant en périphérie ont subi d’importantes influences des peuples qu’ils côtoyaient. Ainsi en est-il, par exemple, des Irob, habitant dans la région d’Adigrat, au nord de Mekélé: certains d’entre eux sont aujourd’hui des chrétiens Tigré.

    Un processus similaire s’est probablement déroulé au sud-est : des tribus Afars sont certainement devenus Somali comme des tribus Somali ont une origine Afars.
    A cet égard, il est utile de mentionner la correspondance entre les Eberto et les Harala (Afar) d’une part, les Yibir et les Harla (Somali) d’autre part. Tout comme il faut indiquer que, sans exclure l’hypothèse d’un peuplement consécutif à la déroute des troupes (Somali et Afar) d’Ahmed Gragne dans le Gondar au milieu du 16ème siècle, une petite population revendiquant expressément cette origine somali mais parlant uniquement la langue afare, habite une vaste zone en Erythrée, comprise entre Tî’o et la presqu’île de Bôri.


    Haut de page

  • Les Afars se subdivisent en deux groupes : les Asahyamara (littéralement ceux qui disent c’est Rouge) et les Adohyamara (ceux qui disent c’est Blanc) sans que, là encore, l’on sache exactement ce que cette différenciation recouvre. Si l’on s’en réfère à la symbolique des couleurs, et considérant que le blanc représente la sagesse et le droit, tandis que le rouge évoque la force et la guerre, il se pourrait que cette différenciation renvoie au renversement de l’ordre politico-religieux qu’a connu cette ethnie, avec la chute de la dynastie Ankala consécutivement à l’implantation de l’Islam. Pour d’autres, elle se base sur la géologie des terres occupées par les tribus : les Rouges vivant sur les terres rouges de l’intérieur (Alta et Dok’a) tandis que les Blancs se retrouvent sur les plaines côtières (Laa’o). Mais cette répartition territoriale n’est valable qu’en République de Djibouti.

    Selon certains chercheurs, la différence entre Rouges et Blancs serait d’ordre généalogique : les premiers descendant de l’ancêtre commun Haral Mâhis (littéralement celui-qui-est-apparu-au-matin-sur-l’arbre), tandis que les seconds se subdivisent à leur tour en Suget (ceux qui étaient là, c’est-à-dire le noyau originel Afar) et en Abûsamara ( les tribus nées d’un mariage soit entre Rouges et Suget, soit d’un apport extérieur, i-e d’un autre peuple). Encore une fois, cette dichotomie ne tient pas, du fait de l’existence de sultans Blancs à Tadjourah et à Rahaïta, pourtant descendant du même ancêtre que les autres chefferies Rouges. Pour Chedeville, un des meilleurs connaisseurs de ce peuple, cette opposition entre Rouges et Blancs serait essentiellement politique et consécutive à la guerre commerciale pour le contrôle des pistes caravanières qui a opposé, au 18ème siècle, le sultanat d’Awsa à celui de Tadjourah. Ce qui semble plausible, ce conflit étant la seule guerre fratricide dont se souvienne la mémoire collective de ce peuple. Cela étant, sans leur affecter une couleur spécifique, on peut considérer que les Afars se divisent en trois catégories.

    Les Suget tout d’abord : cette catégorie regroupe l’ensemble des tribus originelles, ne se rattachant à aucun ancêtre commun. C’est autour de ce noyau originel que les autres tribus sont venues se greffer, soit en tant que ‘Afar venus de la péninsule arabique avec une variante culturelle propre, soit descendant d’un étranger intégré au sein d’une tribu qui existe. C’est peut-être en référence à cette puissante capacité intégratrice qu’un proverbe est toujours cité avec une étonnante distance consistant à préciser que « les Afars disent en guise de proverbe », comme s’il s’agissait d’un emprunt fait à une culture autre.

    La seconde catégorie regroupe toute la descendance de Haral Mâhis, personnage énigmatique apparu un matin sur un arbre à Daffeynaïtou. Sa descendance se subdivise en quatre tribus Ad’ali, Dammahoyta, Modayto et Ulu’to, détenant l’essentiel du pouvoir politique du monde afar, suite à un complot politico-religieux contre les prédécesseurs Ankala. Les Abûsamara, de loin la plus importante d’un point de vue démographique, est une catégorie constituée autour de la confédération des Badoyma-Mêla et dont l’origine doit être recherchée en référence à la spécificité d’une terre dominée par le kaolin : bado.

    Haut de page

  • Préhistoire : même si les plus vieux ossements humains (Lucy, l’Australopithécus Afarensis puis Ramidus) ont été découverts dans des régions éthiopiennes actuellement habitées par des Afars, rien ne permet d’en inférer une telle ancienneté de ce peuple, bien que son caractère fondamentalement local ne souffre aucune contestation, au grand dam de ceux qui lui cherchaient une origine sud-arabique ou même caucasienne.

    En fait, un bon connaisseur de la langue afar trouverait facilement, dans la définition de l’humanité et de l’animalité, une référence plus que psychanalytique aux deux tabous constitutifs de la civilisation : celui de l’anthropophagie et celui de l’inceste. De même, notons pour l’anecdote que l’être humain se dit ici « celui-à-deux pattes » ! Tout comme le doigt se dit « celle-qui-grimpe ». S’il n’est pas établi que ce peuple ait à un moment de son histoire vécu dans les arbres, le fait que le même verbe désigne à la fois monter et sortir semble indiquer (comme le prouvent d’ailleurs les grottes dans la région de Bôri) que les Afars auraient très bien pu être les « Troglodytes» (habitants des cavernes) dont parlait, dans les premières années de l’ère chrétienne, l’Histoire Universelle de Diodore de Sicile.

    Antiquité : la première parenté qui vient à l’esprit, ne serait qu’en raison de la funeste pratique de l’excision et de l’infibulation, c’est celle avec le monde pharaonique. Quoique souffrant souvent d’une extrapolation abusive, beaucoup de recherches ont été entreprises ici dans ce domaine au niveau djiboutien, dans la lignée des travaux égyptologiques entrepris par Cheik Anta Diop et son école de IFAN (Institut Fondamental de l’Afrique Noire).

    Diodore de Sicile avait déjà fait état des liens historiques et culturels ayant existé entre les Egyptiens du temps des pharaons et les habitants de Pount « Terre des Dieux ». De plus, il avait rapporté que les habitants de Pount avaient de tout temps vécu sur cette terre. Caractère indigène que ne possèdent pas les autres peuples sémites de la région, Amhara (Habasha) et Tigré venus pour leur part de l’Arabie Heureuse.

    Même si l’Histoire contemporaine régionale, produite pour et par des idéologies d’Etat en mal de passé glorieux, a donné lieu à des récupérations de Pount, un consensus académique semble s’établir quant à sa localisation sur les rivages de la Mer Rouge. Il convient à cet égard de lever un amalgame : lorsqu’il était question d’Ethiopiens dans l’Antiquité, il s’agissait de tous les peuples de cette région ainsi nommés en raison de la couleur de leur peau : en grec, Aetiops signifie « visage brûlé ».

    Pour ce qui est de ses habitants, dont les Egyptiens eux-mêmes se disaient être les descendants, de nombreux faits linguistiques et culturels semblent les rattacher aux actuels Afars.

    Tout comme l’importance du vocabulaire commun à l’afar, au latin et au grec ne peut s’expliquer que par les échanges culturels entre ces peuples durant la haute Antiquité, ce que prouverait les récits des Grecs eux-mêmes et le caractère éthiopien qu’ils reconnaissaient par exemple à Cassiopée.

    Haut de page